mardi 2 septembre 2014

APRÈS L´HIVER




—Maman, maman ! —s´écria le petit.

—Qu´est-ce que tu as, mon cher ? —demanda sa mère.

—Il y a un petit peu quand il faisait nuit

les soldats ont pris la douce boulangère.

Où est-ce qu´elle s´en va ?

—Elle sera déjà mais cahin-caha

dans un autre four que l´on dit bûcher.

Tais-toi mon amour —dit-elle à son tour—,

que tes yeux sont pers comme ceux de ta sœur,

courtisane naguère bien malgré son cœur

pour les envahisseurs,

et s´ils devinaient cette notre tanière

ils vendraient encore pour te prendre fort

afin d´être éphèbe du mandarinat.

—Qu´est-ce que c´est que ça ? —le petit demanda.

—Ce sont des enfants pris aux alentours

qui pleurent toujours pour plaire la cour.

—Si seulement papa était ici encore !

—Il y a eu un an hier les arbaletriers

l´ont pendu tout nu dans le cimetière

pour qu´il soit la graine de la mandragore.

—Maman, j´ai très faim et il fait froid ici-bas !

—On ne peut pas quitter pendant tout l´hiver

jusqu´à ce qu´ils croient que nous sommes morts,

à ce moment-là l´on ira chercher les voleurs de corps

et les trois ensemble l´on s´enfuira jusqu´à la frontière ;

tu te chaufferas en venant m´aider chasser ce gros rat.

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